Trois questions dans une conversation récente (le billet traîne depuis plusieurs mois) avec plusieurs amis enseignants :
- Faut-il être ami avec ses étudiants sur Facebook ?
- Comment gérer Facebook pendant les cours ?
- Y a-t-il quoi que ce soit à gagner au niveau pédagogique avec Facebook ?
Mes réponses sans périphrases, mais j’attends des avis contradictoires :
- Ça n’a, à mon sens, aucune importance. Oui, pourquoi pas, idéalement après la fin du semestre pour éviter toute paranoïa. Sur les risques inhérents à l’exercice, je dirais que ça tient de la sélection naturelle…
- Ayant vu les dégâts en cours de statistiques (les étudiants les moins capables étant les premiers à se permettre des écarts d’attention qu’ils ne peuvent pas ensuite rattraper), je prêche pour le filtrage à la birmane.
- J’imagine qu’un groupe Facebook peut servir pour sonner le rappel des exercices et des examens, et pour distribuer de l’information ; mais l’email devrait suffire, non ?
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
François (30 décembre 2010). Pédagogie Facebook. Polit’bistro. Consulté le 4 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/syn4
1. Mes élèves étant plus jeunes, je ne les accepte pas, du moins pas avant leur bac (comme je leur dit, m’avoir comme ami, c’est la récompense de leurs efforts…). Vu ce que je vois sur les pages des bacheliers, je me dis que c’est une bonne idée : ont-ils vraiment envie que leurs enseignants voient leurs photos de murges ou celles où ils se roulent des pelles ? Je ne parle même pas des statuts… Je me suis pas encore décidé pour les étudiants que je dois rencontrer dans quelques semaines : plus âgés, plus sélectionnés… C’est peut-être faisable.
2. Je te rejoins sur le refus de Facebook en cours, mais comment faire ? Entre les clefs 3G, les smartphones, et le wifi, ça va devenir compliqué. Sans doute contrôlable en TD (et encore), mais en cours d’amphi ?
3. Les élèves et étudiants utilisent de moins en moins le mail. Donc un groupe fb, c’est pas forcément une mauvaise idée. Mais se pose un problème : on les encourage à ne pas utiliser le mail… et du coup, de mes élèves, il y en a beaucoup qui ne savent pas qu’il faut mettre “bonjour…cordialement”, indiquer un objet, etc.
1. Effectivement, le problème est sensible à l’âge.
2. Vu l’importance que j’accorde aux cours d’amphi, ça ne m’inquiète pas trop. Pour les autres cours, je fais éteindre les téléphones. Le problème persiste pendant les cours de statistiques, où la meilleure stratégie consiste probablement à être deux, dont un “surveillant” au fond de la classe.
3. C’est exactement pour cela que je refuse de passer à quoi que ce soit d’autre que l’email. Mes cours visent à leur apprendre à se servir d’un ordinateur—pas d’un jouet, d’un ordinateur, un truc professionnel qui ordonne (des données, des fichiers, des échanges professionnels…).
Exemple : je ne corrige pas les devoirs envoyés par email lorsqu’ils ne respectent pas une forme de normalisation dans l’objet de l’email et dans le nom des pièces jointes (voir la section 13, “Formatting”, dans ce guide).
1. Pas d’avis.
2. Les étudiants sont assez grands pour savoir ce qu’ils font et pas du tout envie de faire la police en cours ! Jamais eu de problème en amphi (mais on capte mal le wifi!), plus souvent en salle avec des étudiants sur-équipés. Ce n’est pas un pb spécifique facebook, certains optent pour l’interdiction des portables (ordi) en cours.
3. On utilise beaucoup le bureau virtuel, sur lequel les étudiants viennent chercher beaucoup d’infos. On peut doubler d’un mail quand on diffuse des infos. Ca marche très bien je trouve. Question sans réponse : quid des étudiants non équipés ??? (d’autant qu’on ne double plus, ou de moins en moins, d’un affichage papier…).
2. Pareil, j’ai rencontré très, très peu de problèmes en amphi (réseau faible) et en travaux dirigés. Mon problème se concentre sur une douzaine d’étudiants en statistiques. Mon co-instructeur et moi avons joué au good cop, bad cop une seule fois.
Il y a eu une discussion (assez longue) sur l’interdiction des ordinateurs portables sur ce blog. La majorité semble être contre, mais c’est peut-être un biais de sélection, et je ne suis toujours pas sûr de vouloir rejoindre la majorité sur ce point.
3. J’utilise l’ENTG seulement pour déposer les slides du cours et les extraits de manuels protégés par le droit d’auteur.
Réponse à la question : cet étudiant disparaît. Le taux d’équipement en ordinateurs personnels est de 75% chez les étudiants de mon amphi en première année dans une université qui recrute dans le quartile le plus pauvre des étudiants. Pour les 25% restants, il reste la bibliothèque et les salles informatiques, et aussi… l’investissement.