Michel Dobry a récemment publié une nouvelle édition de son livre Sociologie des crises politiques, initialement publié en 1986. Il a participé à une émission de radio que j’aime beaucoup, et qui est encore écoutable en ligne à l’heure où nous passons sous presse.
Personnellement, je n’ai jamais réussi à cerner précisément ce que propose cet ouvrage, qui est rédigé dans un style très obscur qui m’échappe (cette fiche de lecture le laisse également transparaître que ce qui se pense clairement ne s’énonce pas nécessairement clairement). Peut-être la version “live” est-elle plus accessible.
Add. En fait non, je n’ai pas beaucoup mieux compris l’entretien radiophonique que le texte. Je n’y mets peut-être pas assez du mien (le texte est dit “classique” mais n’est pas essentiel à ma thématique de recherche).
On reconnaîtra tout de même une qualité majeure à Michel Dobry : il ne trivialise pas sa discipline, tant au niveau de la validité des démonstrations (scientifiques) que de l’importance d’en tirer des résultats (scientifiques). La recherche en SHS au quotidien n’offre pas toujours ce même spectacle de rigueur.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
François (27 novembre 2009). Sociologie des crises politiques, tournée 2009. Polit’bistro. Consulté le 18 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/syla
J’avoue ne pas être certain non plus d’avoir tout saisi à un ouvrage qui est pourtant cité de manière très rituelle dans la discipline (pour moi non plus, ce n’est pas une référence centrale dans mes travaux). Mais j’ai l’impression, par les citations que je peux en lire, que ceux qui le citent ne le font en général que pour reprendre l’idée de désectorisation en période de crise, de “conjoncture fluide” pour reprendre une expression de Dobry.
J’ai un copain de Grenoble qui a poussé le truc un peu plus loin dans sa thèse, mais ça reste difficile. En revanche je trouve excellente l’attention que porte Dobry à la construction de la théorie, c’est un vrai travail de modélisation à visée qualitative, avec une recherche de cohérence et de logique qui est rare est qui en fait une théorie valide, avant d’être potentiellement juste si empiriquement vérifiée. Avec Favre, ce sont les auteurs qui ont des théories originales et bien fichues à offrir à la science politique française, et en particulier à l’analyse des pol. publiques.
Je tente de faire la même chose pour ma thèse, mais (1) je ne suis pas Dobry, sauf pour l’obscurité de la forme écrite (sic), et (2) je prends le risque de tuer mon lecteur alors qu’il ne faut pas l’effrayer. Enfin, on verra ce que ça donne. Mais dans tous les cas je suis convaincu qu’un travail scientifique doit tendre vers ça (tout en maîtrisant la restitution du terrain, ce que la science politique fait déjà excellemment pour tout un tas de raisons : paiement au poids, présence des normaliens, école des Annales, socio-histoire, etc.).