Imaginons que vous disposez d’une distinction symbolique quelconque, avec un effet médiatique jugé significatif.
Choisissez un scenario applicable à l’instant t :
- Vous identifiez un candidat méritant à t-1 sur la base de ses actions passées (rétribution symbolique objective).
Avantage : c’est apparemment rationnel, ce qui semble correspondre à votre mandat initial.
Inconvénient : il y a de fortes chances pour que le candidat ait continué son action en l’absence de distinction ; auquel cas, c’est irrationnel. - Vous identifiez un candidat potentiellement méritant à t+1 sur la base de ses actions futures.
Avantage : c’est stratégique, dans la mesure où cela crée une contrainte symbolique sur le candidat.
Inconvénient : c’est stratégique, et votre mandat n’est pas écrit tout à fait dans ces termes.
Je me demande si l’on peut réécrire ça sous la forme d’un jeu à somme positive… Peut-être en référence à l’altruisme réciproque : le comité Nobel a peut-être voulu “piéger” Barack Obama dans un jeu à coopération forcée.
Mise à jour : certaines sources (que je ne trouve plus) rapportent des divisions importantes dans le comité au moment de la sélection du lauréat. Obama a, semble-t-il, été promu par un membre du comité en particulier ; si l’on réfléchit en termes de préférences, il se peut que le choix ait suivi un schéma à la Condorcet.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
François (9 octobre 2009). Rétribution et contrainte. Polit’bistro. Consulté le 23 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/sykt
On peut aussi lire ça comme une tentative pour le parlement norvégien, attributaire (via un comité ad hoc) du prix, de se valoriser lui-même. C’est le propre des distinctions symboliques : elles valorisent autant l’institution qui la délivre que le récipiendaire. Dès lors, en attribuant le prix Nobel de la Paix à Obama, c’est ce prix, et à travers lui, l’institution qui le délivre, qui s’approprient une part de l’extraordinaire prestige dont jouit Barack Obama dans le monde. Finalement, il vaut peut-être mieux le lui attribuer maintenant, tant que sa gloire est à son sommet, que dans quelques années, lorsque l’usure du pouvoir l’aura atteint…